Augustin Zenia
Augustin Zenia : Tamazight sur le podium
Texte tiré du site (https://taghamsa.wordpress.com/2015/08/23/augustin-zenia-tamazight-sur-le-podium/) Copyright
De passage à Montréal, Ahmed Augustin Zénia, champion du monde de Shoubo, a été honoré par le Centre Amazigh de Montréal (C.A.M)et par le représentant du Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie (M.A.K) au Café Le Carrefour. D’autres membres de la communauté kabyle ont pris part à cette rencontre pour échanger avec un sportif bien articulé et fier de son identité millénaire.
Ahmed Augustin Zénia ou Amazigh Zénia est un sportif algérien de Kabylie. Il est champion du monde dans la discipline Shoubo, un art martial dans lequel il s’est rapidement démarqué. En plus de savourer ses victoires de première place sur les podiums du monde, il affirme son identité amazighe et kabyle en scandant d’abord le drapeau amazigh et ensuite le drapeau kabyle. Il a également porté fièrement des t-shirt sur lesquels figurait le portrait de Matoub Lounès ou celui d’Ameziane Mhenni, le fils de Ferhat Mhenni. Une façon pour lui de dire au monde, sans détour, sa culture, sa civilisation et son identité amazighe.
Amazigh Zénia est né à Fréha, en Kabylie, le 12 janvier 1972. Il n’avait que 8 ans lors du printemps berbère de 1980. Il a fait ses études primaires et collégiales en Kabylie avant d’entamer, en 1990, une licence en sociologie à l’université de Bouzaréah à Alger. Après une année, il abandonne l’université à cause de l’arabisation pour suivre une formation de handball à l’ISTS (Institut sportif). Parallèlement à cela, il suivait la discipline de Vô-Vietnam qu’il a commencée depuis 1987. Il a même participé à des compétitions régionales et nationales dans cette dite discipline. En 2000, il part en France où il a suivi une formation de 2 ans en science et techniques d’activités physiques et sportives à l’université de Paris 5. Une fois le diplôme décroché, il entame une carrière de fonctionnaire. Et comme ce n’était pas assez pour ce jeune ambitieux et motivé, il s’inscrit à un club de Shoubo. Au bout de six mois, son maître, Yuan Zumo, ayant détecté son potentiel, lui propose de se lancer dans les compétitions à l’échelle nationale. Et l’internationale n’a pas tardé à suivre et avec succès. C’est ainsi qu’en 2002, il décroche la première place en Chine dans la catégorie des moins de 66kg; en 2006 une autre victoire lors du tournoi en Chine; en 2007 et 2008 d’autres premières places et en 2009, il a eu la 3ème place à Hong Kong. En somme, de 2004 à 2015, il a eu plusieurs médailles d’or aux différents tournois internationaux en France, en Italie et en Chine. Mieux encore, en 2013, il a raflé trois médailles d’or en mode ‘’ Xianbo’’( mains coulantes), Shuaijiao (lutte) et Shoubo ( pied poing et lutte) et un trophée du meilleur combattant. Bref, il est le champion du monde de Shoubo.
Amazigh Zénia et son frère Nacer
L’identité affirmée dans le monde sportif
Les trophées et les succès n’ont pas réussi à combler le sportif Zénia. Il y a autre chose qu’il doit faire pour se sentir accompli devant ses confrères et devant les fans de ce genre de sport. Il est certes algérien et ses collègues le savent, mais ce n’était pas assez. C’est ainsi qu’en 2013, il a brandi le drapeau amazigh sur le podium : « Les Amazighs et les Kabyles sont contents. Les autres, notamment les sportifs, étaient curieux », dira-t-il. D’ailleurs, il a déjà mis un t-shirt portant le portrait de Matoub Lounès en Chine. C’était en 2004 alors qu’il représentait l’équipe de France. Était-il partisan d’un parti politique? Sa réponse est on ne peut plus claire : « Non, je ne fais pas de politique partisane. J’affirme mon identité, c’est tout. », Souligna-t-il avec beaucoup de modestie et de sagesse. Certes, il ne fait pas de politique, mais il la suit, il suit le cours de la chose politique. D’ailleurs le mois d’avril 2015 en Italie le confirme. Après Matoub, le drapeau amazigh et Amezianne Mheni, il scande en Italie, le drapeau du M.A.K sans aucun complexe. Il faut préciser que ce champion du monde a grandi dans une famille de militants de tamazight et de la démocratie : « J’ai commencé à écrire en tifinagh à l’âge de 9 ans. Mes frères m’ont tout appris. », dira-t-il avec un sourire qui renvoie à l’innocence de l’enfance, mais aussi à l’admiration qu’il voue à ses frères aînés.
L’expertise au service des jeunes sportifs algériens
Ce sport n’est pas structuré d’une façon officielle en Algérie, mais beaucoup de jeunes le pratiquent et certaines personnes s’activent pour l’insérer dans la fédération algérienne. Il y a par exemple ce club d’Amezzour à Bougie qui compte envoyer ses membres au mois de décembre 2015 en France pour participer à une compétition. Aussi, d’autres départements algériens commencent à s’approprier ce noble projet comme Alger, Tizi-Ouzou, Bouira, Bougie et Laghouet. Ahmed Augustin Zénia, sportif et membre de la fédération française tient à aider ces jeunes à s’épanouir dans cette discipline. Ce qui l’attriste, par contre, est que les responsables sportifs algériens ne soient pas conscients de son expertise et de qu’il pourrait apporter aux jeunes sportifs. Une expertise qui est connue et reconnue de par le monde, mais ignorée par les siens. La preuve. Plusieurs clubs le sollicitent pour former leurs sportifs. Quant aux Algériens, ils lui demandent de leur envoyer son CV. Une attitude méprisante envers le génie de n’importe quel citoyen de ce pays.
Djamila Addar
Autres membres
Dr Yang Jwing Ming
Grand Maître Henry Plée

